dimanche 14 avril 2013

Médias français: Gilles Bernheim et Stéphane Hessel - deux poids deux mesures

Dès que la presse rapporta que Gilles Bernheim le grand Rabbin de France avait plagié certains écrits, l'Express "prouve rapidement" qu'il "ne serait pas "agrégé de l'Université" comme il l'a affirmé par le passé" et à l'instant même l'information fut relayée par tous les médias.  Et le mot "mentir" est lâché: "Mais de plagiaire récidiviste, le voilà accusé de mentir sur son CV."!

Cette sévérité contraste avec la mansuétude réservée au grand chouchou des médias, feu Stéphane Hessel. Pendant des années les médias français ont répété la fausse (et bien plus grave information) que Stéphane Hessel, "l'inventeur du tourisme d'indignation", était le coauteur de la Déclaration des droits de l'homme.  Quelques auteurs et blogs ont pourtant signalé que le "santo subito" n'y était absolument pas associé. Et le bobard continue de circuler, même au-delà des frontières (voir à la fin du message): par exemple le Belge Daniel Salvatore Schiffer béat d'admiration écrivait le 27 février dans Le Point: "le précieux rédacteur de la charte du Conseil national de la Résistance ainsi que de la Déclaration universelle des droits de l'homme. La perte de cet incomparable et généreux humaniste, esprit aussi éclairant, sur le plan philosophique, qu'éclairé, au niveau éthique, laissera, bien sûr, un vide désormais difficile à combler, même si nul n'est certes irremplaçable, au sein de l'intelligentsia française et internationale".

Claude Moisy, journaliste, ancien PDG de l'AFP, dans Le Monde (05/03/2012) décrit bien la situation:

"Quasiment tous les médias ont aveuglément évoqué le rôle de coauteur de la Déclaration des droits de l'homme attaché à son nom. [...] La réalité est que pendant son séjour aux Nations unies, de 1946 à 1948, Stéphane Hessel n'a pris aucune part à la rédaction de la Déclaration qui eut lieu à ce moment-là.  L'affaire pourrait n'avoir qu'un intérêt anecdotique si le rôle de coauteur de la Déclaration attribué à tort à Hessel n'était devenu au fil des ans un des éléments constitutifs de sa célébrité et de la vénération qui a entouré la fin de sa vie. [...]


Pourtant, tout le monde peut aujourd'hui accéder par Internet à des centaines de documents officiels sur la genèse de la Déclaration universelle des droits de l'homme, sur son comité de rédaction, sur ses débats et les conditions de son adoption. Aucun document de l'époque ne mentionne le nom de Stéphane Hessel.  Et pour cause: il est alors le modeste chef de cabinet de l'un des huit secrétaires généraux adjoints de l'ONU, le Français Henri Laugier, chargé des affaires économiques et sociales, qui ne faisait pas partie du comité chargé de rédiger la Déclaration.  Faute de Laugier, d'innombrables articles de presse évoquent le rôle de Stéphane Hessel " au côté" de René Cassin qui fut réellement, lui, l'un des principaux auteurs de la Déclaration. [...]

Pour être tout à fait honnête, il faudrait sans doute évoquer aussi les centaines d'articles évoquant au cours de décennies la Déclaration des droits de l'homme et dans lesquels Stéphane Hessel manie des formules beaucoup plus ambiguës sur son rôle sans contester celui plus flatteur qu'on lui prêtait."

La presse étrangère répète le bobard à l'occasion de sa mort:
"As a diplomat, he helped write the U.N.'s Universal Declaration of Human Rights." (Daily Mail)
"After the end of the war, Hessel was involved in editing the Universal Declaration of Human Rights." (Daily Telegraph)
"He was secretary to the committee which drew up the UN's universal declaration on human rights in 1946-1948." (The Independent)
"He was involved at a junior level in the drafting of the 1948 Universal Declaration of Human Rights.' (The Guardian)
"Mr. Hessel, who, as chief of staff to Assistant UN Secretary General Henri Laugier, participated in the drafting of the Universal Declaration of Human Rights in 1948" (The Wall Street Journal)
"fue uno de los redactores e la Declaración Universal de los Derechos Humanos de 1948" (La Vanguardia)
"Se fue a Nueva York, donde coordinó la redacción de la Declaración Universal de los Derechos Humanos, aprobada en 1948" (El País)
"fue uno de los redactores de la Declaración Universal de Derechos Humanos de 1948" (Hufftington Post)
"único redator ainda vivo da Declaração Universal dos Direitos do Homem" (Expresso)
"colaborou na redação da Declaração Universal dos Direitos do Homem em 1948" (Euronews) "associé à la rédaction de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme" (Euronews)

5 commentaires :

prof a dit…

Voilà un article qui méritait d'être diffusé. Ce que je vais immédiatement faire via Facebook. Quand on peut taper sur le peuple juif, c'est immédiat, mais quand il s'agit de le faire pour un Hessel par exemple, cela devient frileux et hypocrite. Et pourtant, il y avait bien plus à dire pour Hessel que pour le rabbin Bernheim!

Anonyme a dit…

Les défenseurs du mariage homosexuel (c'est politiquement incorrect de le dire) s'en sont pris à celui qui s'y s'est opposé intelligemment.
Le comparer à ce sénile, alors qu'il a toujours défendu le respect de l'autre, est insultant.

Il est inutile de démonter à nouveau la médiocrité de la presse française.


Franco

Anonyme a dit…

Qu'y a-t-il dans cet article qui soit ignoré à propos de Stéphane Hessel ? cela fait déjà plusieurs années que sa prétendue participation à la rédaction des "droits" de l'homme a été dénoncée. Cela n'a pas démonté. Ce personnage vaniteux,a exploité sur ses vieux jours un filon qui devait lui servir de projecteur, se faire" le champion adulé" d'une cause palestinienne accommodée à sa façon...quant au fascicule "indignez-vous" représenté comme l'oeuvre éminente de ce que la pensée humaniste peut produire, cela émane de la même supercherie: il n'en a pas rédigé le moindre mot,seulement une interview dont son éditeur a tiré un profit commercial assez juteux pour remonter les affaires de sa maison d'édition jusque là très modeste. Pour résumer cet accueil délirant et mondial il ne faut pas aller en chercher bien loin le motif:PALESTINE et ANTI-SIONISME sont les clefs assurées de tous les succès médiatiques.
Quant au rabbin Giles Bernheim, il n'en reste pas moins fautif,et responsable de l'indélicatesse qu'il a commise, même si les médias se sont empressés d'en répandre le bruit avec la plus grand zèle. Alors, lui accorder la même complaisance qu' à Stéphane Hessel serait faire injure à la Charge dont il était investi, et qu'il n'a pas respectée. Yedida.

Monique a dit…

Je travaille dans le milieu paramédical et ce que je vois sur cette photo, c'est la façon habituelle (je l'ai vu sur plusieurs photos et au cours d'émissions télévisées) qu'avait Hessel de positionner sa langue légèrement hors de sa bouche avec un sourire, bouche légèrement ouverte également : en médecine, c'est un signe de sénilité presque dans tous les cas.
Cet homme était sénile et s'est laissé embrigader chez les écolos-gauchos-anarchistes, comme les personnes très âgées et séniles se laissent embrigader dans des sectes si les familles et les institutions n'y font pas assez attention.
L'idée obsessionnelle et récurrente se voit aussi chez ce genre de personnes et chez Hessel, c'était la haine d'Israël prenant comme paravent le fait que ses grands-parents paternels étaient juifs, ce qui est entièrement faux puisqu'ils s'étaient convertis au christianisme. Si demain, je me convertis au judaïsme, je ne suis plus chrétienne, c'est aussi simple que cela.

Et enfin, le fait d'être juif n'a jamais empêché d'être antisémite et antisioniste (J. Cohen en est un exemple parfait). Comme le fait d'être né chrétien et d'avoir été élevé dans le christianisme n'a jamais empêche d'être anti-chrétien, anti-clérical et athée.

Dans l'île où je suis née, j'ai découvert le racisme anti-blanc car bien que j'avais une grand-mère indienne, la génétique a voulu que je sois blanche avec des cheveux châtains comme mes trois autres grands-parents.
Mais ce qui m'a le plus marqué à l'adolescence, c'est quand j'ai rencontré dans le lycée où j'étudiais une élève noire être raciste des noires.
Alors, tout est possible et il n'y a rien de plus crétin que d'entendre les journalistes dire à quelqu'un qui est juif (ou qui a quelqu'origine juive vraie ou inventée d'ailleurs) et qui est en train de massacrer les Israëliens et la majorité des juifs qui les soutiennent : "Vous, personne ne peut vous suspecter d'être antisémite à cause de vos origines juives". Ca, c'est du journalisme niveau zéro.


En ce qui concerne le rabbin Bernheim, il est loin d'être le seul à avoir plagié. Beaucoup d'auteurs, d'écrivains, de journalistes, de politiques plagient et emploient des nègres et ce, depuis la nuit des temps. Mais parce que ce rabbin représente la communauté juive, les journalistes n'ont pas arrêtés d'en parler : l'antisémitisme a de beaux jours devant lui. Sinon, pourquoi la classe médiatique a autant mis l'accent sur cette affaire. Informer est une bonne chose, mais harceler médiatiquement montre le caractère antisémite des journalistes.
Et pourquoi ne disent-ils pas que près de 60 % des prisonniers en France sont des immigrés majoritairement musulmans ? Pour ne pas stigmatiser la communauté musulmane alors qu'ils stigmatisent la communauté juive . Deux poids, deux mesures.

Rachel Launay a dit…

Oui, ça donne à réfléchir... L'antisémitisme ou l'antisionisme est latent chez les Français et les médias le savent bien... De temps en temps, on "réveille" les Français en leur disant : "vous avez vu le vilain juif" et ça fonctionne puisque c'est latent dans l'inconscient collectif. C'est comme la nuit, tu dors, tu rêves, il y a le côté manifeste (ce dont tu te souviens), ce qui se passe ; et puis, derrière ça, il y a la signification ou le contenu latent. Le plagiat de Bernheim c'est le contenu manifeste, l'antisémitisme c'est le contenu latent, voilà pourquoi ça marche car les gens "attendent" ça finalement et ils en redemandent ! alors de façon périodique, les médias montent ça en épingle. Tu te rends compte, là ils ont la preuve qu'un juif ait menti ! Ils ont un Judas ! Pour Hessel qui, sénile de son état, s'est rallié à la cause palestinienne avant de trépasser, cela n'aurait pas eu le même impact médiatique et un effet paradoxal sur l'opinion.