samedi 26 janvier 2013

La poursuite des nazis en fuite fut torpillée par la France et l'Allemagne

Si la Shoah est bien documentée, la traque des nombreux nazis européens ne fut pas poursuivie que très imparfaitement. Ce furent des Juifs, comme Simon Wiesenthal, qui entreprirent de les traquer... et ça gênait ou laissait indifférent beaucoup de monde en Europe. 

Algemeiner: Un nouveau livre sur les nazis en fuite après la Seconde Guerre mondiale démontre que des gouver- nements dans le monde entier ont torpillé des efforts pour traquer les pires perpétreurs de l'Holocauste en raison d'"intérêts particuliers".

Dans La traque des nazis: Les dictatures d'Amérique du Sud et la punition des crimes nazis, l'historien allemand Daniel Stahl, qualifie de "coalition des réticents" les gouvernements de l'après-guerre en raison de leurs efforts en demi-teinte pour poursuivre les criminels.

Stahl écrit que les Français craignaient que l'ampleur de leur collaboration soit mise à jour, les Sud-Américains craignaient un coup de projecteur sur leurs propres régimes meurtriers et les Allemands de l'Ouest voulaient aider leurs "vieux camarades" à s'échapper.

L'article du Daily Mail se réfère spécifiquement à Joseph Mengele, "l'ange de la mort", à Gustav Wagner, responsable de 150.000 morts dans le camp d'extermination nazi de Sobibor et au colonel SS Walter Rauff, l'un des concepteurs des camions à gaz ("Gaswagen") [1].

Même Interpol, l'organisation internationale de police criminelle, n'a pas fait preuve de beaucoup de diligence dans la recherche de criminels nazis en fuite.  Quand en 1962, des organisations juives ont demandé qu'Interpol s'implique plus sérieusement, son secrétaire général Marcel Sicot, a déclaré: "Pourquoi devraient-on poursuivre des criminels de guerre puisque, de toute façon, le vainqueur impose toujours ses lois?"

"Aucune entité internationale n'a définit le terme 'criminel de guerre'". Et il a ajouté qu'il considérait la poursuite pénale des crimes nazis comme la "justice des vainqueurs".

Walter_Rauff











Spiegel (20/09/2011) SS Colonel Walter Rauff: West German Intelligence Protected Fugitive Nazi
[1] Les "camions à gaz étaient des véhicules modifiés par la SS afin d'y gazer des êtres humains, principalement les Juifs. Les gaz d'échappement étaient redirigés dans un caisson étanche fixé sur la plate-forme de ces camions. Ils ont été utilisés à partir de fin 1941, à l'arrière du front russe, dans le cadre des opérations mobiles de tueries entreprises notamment par les Einsatzgruppen, puis en Yougoslavie (au camp de Semlin), et au camp d'extermination de Chelmno. Les moteurs étaient réglés de façon a produire du monoxyde de carbone (CO), gaz rapidement asphyxiant pour l'être humain. (Un dictionnaire du génocide)

3 commentaires :

Anonyme a dit…

Que sont-ils devenus ?

Le sort de 1.388 criminels nazis, complices et collaborateurs

http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/devenus.htm

En France, il faut attendre plusieurs mois avant que les photos d'Auschwitz ne soient publiées. Le ministère des Prisonniers, déportés et réfugiés, dirigé par Henri Fresnay, donne la consigne d'éviter de publier les articles sur les camps, pour ne pas alarmer les familles. En mars-avril 1945 sont publiés les premiers récits permettant à l'opinion publique de découvrir l'horreur. En mai, après la capitulation de l'Allemagne, les images de charniers se succèdent dans les quotidiens et les magazines français. Les actualités cinématographiques présentent des montagnes de cadavres, des corps rassemblés dans des fosses ou brûlés au lance-flammes (pour lutter contre les épidémies). Après un passage au centre médical installé à Paris, les survivants sont renvoyés sans aide sur les routes. Il faudra des années à ces derniers pour obtenir un statut officiel de «déporté» , leur accordant une petite aide financière.

Bien que le principe de l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité soit affirmé, il devient extrêmement difficile, plus de cinquante ans après les faits, d'établir de manière certaine l'identité de suspects et de "prouver" leur culpabilité. Ainsi, John Demjanjuk, un Ukrainien ayant émigré après la guerre aux États-Unis, sera condamné pour avoir été le bourreau de Treblinka. Après 7 ans de prison, la découverte de nouvelles pièces d'archives du KGB montrent que l'accusé n'est pas celui que l'on croyait. Demjanjuk sera acquitté en août 1993 et rentrera aux États-Unis le mois suivant. Quant aux jugements des complices non allemands de la Shoah, qui ont aidé à la déportation de Juifs dans leur propre pays, ils sont peu nombreux.

En France, il faut attendre avril 1994 pour que Paul Touvier, un responsable français de l'exécution de Juifs, soit jugé et condamné pour "complicité de crime contre l'humanité". Sans oublier Maurice Papon, dont certains prônent encore sa réhabilitation.

http://www.maurice-papon.net/presentation.htm

Philo a dit…

Gilles-Michel,

Pour comprendre ce qui s'est passé en France il faut lire 'La Lie de la Terre' (The Scum of the Earth) d'Arthur Koestler.

Cordialement.

Anonyme a dit…

La dédicace du livre d'Arthur Koestler, "la Lie de la terre" se passe de commentaire:

À la mémoire de mes

Confrères les écrivains

Exilés d'Allemagne qui

Se suicidèrent lorsque

La France capitula :

Walter Benjamin

Karl Einstein

Walter Hasenclever

Irmgard Keun

Otto Pohl

Ernst Weiss.

cité par Jean Baechler, Les Suicides, 1975, p. 465