samedi 26 mars 2011

Mohamed Nabbous le bloggeur, la Ligue Arabe et Médecins Sans Frontières


Quant à Rony Brauman de Médecins Sans Frontières (MSF), il illustre parfaitement la déchéance morale du pacifisme humanitaire, qui fut pourtant une belle idée.  Il suffit de l'écouter quelques jours avant l'intervention de la coalition, sur la télévision suisse, s'opposer à toute intervention militaire et prôner les sanctions économiques, boycott de ventes d'armes et action en justice, toutes mesures dont Kadhafi dans l'immédiat se moque comme de sa première potence, assuré de finalement toujours trouver acquéreur de son pétrole.

Les guerres sont toutes dégueulasses, mais parfois il faut les faire, pour des gens comme Mohamed Nabbous qui croyait que la liberté d'expression permet de construire une Libye nouvelle.  
Gilles Hertzog fait un intelligent parallèle historique entre Mohamed Nabbous et Robert Capa débarquant en Normandie le 6 juin 1944. Les alliés sont arrivés trop tard pour ce Capa improvisé.

Source: Autour de la Liberté, le blog de Pierre Raiman (21/03/2011)
"Mo", Mohamed Nabbous, ingénieur en télécoms, photographe et blogueur improvisé, est mort, tué par un sniper kadhafiste dans une rue de Benghazi samedi, vers 13h.  C'était quelques heures avant que l'aviation française n'intervienne. Les milices et les mercenaires de Kadhafi annonçaient leur arrivée imminente à Benghazi, ville symbole de la révolte, le colonel avait affiché sa détermination à "écraser l'ennemi".

L'ONG Médecins sans Frontières (MSF) avait retiré son personnel de la ville, soulignant que "tout le monde évacue Benghazi, humanitaires comme journalistes". 


Mais, comme le rappelle Gilles Hertzog, dans un beau papier triste:

"Mo, lui, a dit : "C’est vraiment idiot, aucune info du tout ne sort plus de Benghazi. Elles sont toutes parties, je ne sais pas comment c’est arrivé, mais c’est arrivé."

Dans cette révolution libyenne à l'avenir incertain, l'assassinat de Mohamed Nabbous symbolise la terreur fasciste qui a toujours été au cœur du système du guide libyen. Le guide, un Führer comme un autre, n'a plus aujourd'hui comme projet, que cette terreur sans fards.  L'intervention de la coalition a changé la donne, mais la situation demeure confuse. La coalition n'a ni commandement suprême, ni but de guerre clairement déterminé. Kadhafi peut encore se maintenir dans une partie du pays, non parce qu'il disposerait d'un soutien régional réel, mais parce que sa terreur en fournirait l'apparence. Il peut même durer et à terme prévaloir, puisqu'officiellement le renversement de son régime n'est pas dans les termes de la résolution de l'ONU.  Éblouis par les succès de l'aviation alliée, la joie de voir Benghazi sauvée et les hordes fascistes s'enfuir dans le désert, on aurait tort de sous-estimer le tyran de Tripoli.  La coalition elle-même n'est pas à l'abri de défections. Elles ont déjà commencé.



La Turquie s'étonne du rôle de la France, en pointe dans la coalition. La Russie s'inquiète de prétendus bombardements sur les populations civiles. La Ligue Arabe enfin, par la voix de son dirigeant Amr Moussa s'oppose à l'attaque des colonnes de Kadhafi.  Certes, il n'y a guère de surprises à attendre de ce brelan équivoque. Racep Erdogan le Turc recevait il y a un an, le "prix Kadhafi de la Liberté", et qui songerait à confier à Poutine la protection de populations civiles, tandis qu'Amr Moussa à la Ligue Arabe a toujours été le porte voix des régimes "durs", entendez "dictatoriaux" et de leurs intérêts, généraux algériens et famille Assad de Damas compris.  Au fond cette triplette se satisferait d'un statu quo, voire d'une partition de la Libye où le bouffon sanglant se maintiendrait en Tripolitaine, proche de l'Algérie et les rebelles dans une Cyrénaïque, placée de fait dans l'orbite de l'Egypte.

Quant à Rony Brauman de Médecins Sans Frontières (MSF), il illustre parfaitement la déchéance morale du pacifisme humanitaire, qui fut pourtant une belle idée.  
Il suffit de l'écouter quelques jours avant l'intervention de la coalition, sur la télévision suisse, s'opposer à toute intervention militaire et prôner les sanctions économiques, boycott de ventes d'armes et action en justice, toutes mesures dont Kadhafi dans l'immédiat se moque comme de sa première potence, assuré de finalement toujours trouver acquéreur de son pétrole.

Les guerres sont toutes dégueulasses, mais parfois il faut les faire, pour des gens comme Mohamed Nabbous qui croyait que la liberté d'expression permet de construire une Libye nouvelle.  
Gilles Hertzog fait un intelligent parallèle historique entre Mohamed Nabbous et Robert Capa débarquant en Normandie le 6 juin 1944.

Les alliés sont arrivés trop tard pour ce Capa improvisé.

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