jeudi 30 décembre 2010

Diplomatie européenne: le Moyen-Orient confié à la France

Les contours de la nouvelle diplomatie européenne se précisent.  Et les Français ne sont pas gagnants ... La Grande-Bretagne et ses alliés d'Europe du Nord (le Danemark, les Pays-Bas et la Suède) trustent les postes clés.[1]

Source: Le Figaro (La diplomatie européenne trustée par les Britanniques par Jean-Jacques Mével).

La France est marginalisée dans la nouvelle diplomatie européenne.  Pour le Quai d'Orsay, c'est l'organigramme de la colère, ou l'équivalent bureaucratique de la bataille de Trafalgar: le Service d'action extérieure (SAE), qui s'imposera d'ici trois jours comme le porte-voix d'une politique étrangère européenne, s'est gonflé in extremis d'une légion d'amis de Catherine Ashton et du Foreign Office, aux dépens d'une minorité de diplomates tricolores.

«Entre eux et nous, c'est désormais à cinq contre un!», s'étrangle un responsable français en décrivant la pyramide du pouvoir mise au point par la baronne britannique. Sur l'organigramme rendu public à l'approche de l'échéance, l'Union Jack flotte de bas en haut et de droite à gauche, isolant à peu près partout les trois couleurs de la République.

Le SEA -ou plutôt l'acronyme anglais EEAS, finalement retenu- devait conjuguer les talents de 27 diplomaties nationales. Avec, comme clef de voûte, le professionnalisme revendiqué par de vieux rivaux -les Français, les Britanniques et aussi les Allemands. Face à la razzia d'outre-Manche, l'acte de naissance de la nouvelle institution européenne risque plutôt de les dresser les uns contre les autres au 1er janvier. À Paris, le ministère des Affaires étrangères, visiblement gêné, s'est jusqu'ici gardé de faire du bruit. Avec Michèle Alliot-Marie, il vient de changer de patron. Mais l'affaire a déjà suscité des éclats de voix. Les comptes du SAE sont vite faits. À Bruxelles, sur 17 directions et sous-directions attribuées, le Royaume-Uni en rafle cinq (Asie, Afrique, Afrique orientale et Océan indien, Prévention des conflits et Politique de sécurité, Ressources humaines). La France en récupère deux, grâce à des diplomates venus de la Commission européenne : Hugues Mingarelli sera chargé du Proche-Orient, Véronique Arnault des Droits de l'homme.

Français retoqués
Sur le terrain, le rapport n'est pas plus favorable aux routiers du Quai d'Orsay. «La plupart des ambassadeurs poussés par Paris ont été retoqués» à Bruxelles, poursuit le responsable. L'Afrique devient une autre chasse gardée des Britanniques. En Asie, la France a perdu un de ses poids lourds européens avec le départ de Pékin de l'ambassadeur Serge Abou, remplacé par l'Allemand Markus Ederer.

Dans les étages du SAE, les Français s'inquiètent aussi de voir certains de leurs meilleurs alliés réduits à la portion congrue, en particulier les Espagnols et les Italiens. L'Europe du Nord, toujours suspecte de sympathie pour le Foreign Office, montre ses muscles. C'est le cas des Danois, des Néerlandais et surtout des Suédois. Ces derniers réussissent à truster la super-direction Amériques, le Comité militaire de l'UE et le Comité politique et de sécurité (Cops), cœur de la gestion de crise. La Finlande, elle, décroche le SitCen, bureau central du renseignement européen.
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[1] Lors du vote sur Durban III à l'ONU ces pays avaient voté contre, alors que la France et ses alliés, à l'exception de l'Italie, s'étaient courageusement abstenus.

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