dimanche 30 décembre 2007

Trois espèces que Dieu n'aurait jamais dû créer: les Perses, les Juifs et les mouches, par Khairallah Tulfah

Il y a un an, le 30 décembre 2006, le dictateur irakien Saddam Hussein était exécuté par pendaison à Bagdad après avoir été condamné pour crimes contre l'humanité.

C'est sous le régime de Saddam Hussein que son oncle maternel, Khairallah Tulfah, ancien officier, signa, entre autres, un pamphlet intitulé: Trois espèces que Dieu n'aurait jamais dû créer: les Perses, les Juifs et les mouches. Les Juifs y étaient décrits comme un "mélange d'ordures et de déchets de divers peuples". Sous la dictature de Saddam Hussein, les écrits de Tulfah furent largement disséminés dans le pays, notamment dans les écoles.

samedi 29 décembre 2007

Querelle entre négationnistes: David Irving désavoué par Frederick Töben

Deborah Lipstadt a publié sur son site un message (traduit ci-dessous) que lui a fait parvenir le négationniste australien Frederick Töben, directeur de l’Adelaide Institute. Il entend se démarquer de David Irving car celui-ci ne serait qu'un pseudo négationniste. La mauvaise foi de Töben est mise en évidence quand il parle de six millions de Juifs tous exterminés dans les chambres à gaz. Nous sommes donc confrontés à une fausse querelle entre vrais négationnistes.

"David Irving a toujours défendu la thèse qu'un nombre limité de gazages avait eu lieu et de ce fait il croit à la réalité de l'Holocauste. Faute de preuves matérielles, je refuse de croire à l'extermination systématique de six millions de Juifs européens dans des chambres à gaz homicides.
Ceux qui croient à l'Holocauste n'ont jamais prouvé la validité de leur thèse, mais ont recours à la justice pour faire taire ceux qui refusent de croire à l'Holocauste-Shoah des Juifs.
Fredrick Töben, Adelaide Institute"
("David Irving has always believed in limited gassings and hence he is a Holocaust believer. I refuse to believe, without physical proof, in the systematic extermination of six million European Jews in homicidal gas chambers.The Holocaust believers have never proven their case but instead use legal means to silence those who refuse to believe in the Jewish Holocaust Shoah.")

Deborah Lipstadt est l’auteur de Denying the Holocaust. The Growing Assault on Truth and Memory, The Free Press, 1993, et de History on Trial: My Day in Court with David Irving, Ecco, 2005. Un procès l'a opposée ainsi que son éditeur Penguin Books en 2000 à David Irving qui les poursuivait en diffamation, celui-ci a perdu le procès.

Photo prise à Téhéran en 2006 à la conférence sur l'Holocauste. Frederick Töben de dos à droite parle au président Mahmoud Ahmadinejad et David Duke de face à gauche derrière le président.

mercredi 26 décembre 2007

ONU: Malgré l'opposition des Etats-Unis "Durban II" aura lieu - le budget a été approuvé

Le budget des Nations Unies pour 2008 et 2009 a été approuvé samedi et prévoit une enveloppe de 6,7 millions de dollars (4,66 millions d'euros) destinée à financer Durban II : une conférence sur le racisme et la discrimination raciale qui fera suite à celle de sinistre mémoire tenue en 2001 à Durban qui s'était transformée en plateforme globalisée de la haine antisémite. En guise de protestation, les délégations américaine et israëlienne s'étaient retirées. A peine celle-ci clôturée, le 8 septembre 2001, que trois jours plus tard les attaques terroristes islamistes du 11 septembre 2001 allaient faire plus de 3.000 morts aux Etats-Unis. En raison des craintes que lui inspire cette nouvelle conférence, les Etats-Unis se sont opposés au vote - les seuls. Le budget fut approuvé par 141 membres de l'ONU sur 192 et le montant s'élève à 4,17 milliards de dollars (2,9 milliards d'euros) pour les deux ans. Comble de l'ironie, les Etats-Unis financent 22% du budget de l’institution et sont le plus important donateur individuel.
Irwin Cotler est député de Mont-Royal et ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada. Il faisait partie de la délégation canadienne à la conférence de Durban. Il en a fait le récit :
"Comme un de mes collègues l’a exprimé à ce moment-là, si le 11 septembre a été la Kristallnacht de la terreur, Durban a été le Mein Kampf. Ceux d’entre nous qui ont assisté personnellement au festival de la haine de Durban - aux déclarations, incantations, brochures et marches haineuses - ont été transformés à jamais. Pour nous, Durban fait partie de notre vocabulaire quotidien comme synonyme de racisme et d’antisémitisme, tout comme le 11 septembre est synonyme de terrorisme de masse. …
Ce devait être la première conférence mondiale sur ce sujet au 21e siècle. L’antiracisme allait enfin devenir une priorité à l’ordre du jour international des droits de l’homme. ...
Mais ce qui s’est produit à Durban a été véritablement orwellien: une conférence censément organisée pour contrer le racisme a été transformée en festival du racisme contre Israël et les Juifs. Une conférence visant à commémorer le démantèlement de l’apartheid en Afrique du Sud où ont été lancés des appels intempestifs au démantèlement de l’apartheid présumé en Israël. Une conférence consacrée à la promotion des droits de l’homme comme nouveau credo séculaire de notre époque où Israël a été de plus en plus pris à partie comme une sorte d’Antéchrist géopolitique des temps modernes. …
Le premier point de la mise en accusation d’Israël a qualifié l’"occupation" des territoires contestés en Cisjordanie et à Gaza de crime contre l’humanité, de nouvelle forme d’apartheid et de menace contre la paix et la sécurité internationales. ...
Deuxièmement, Israël a été qualifié de pays d’apartheid. Et comme les délégués à Durban considéraient extrêmement louable la "résistance" contre les pays d’apartheid, la conférence de Durban a servi à valider les actes terroristes contre Israël.
Troisièmement, Israël a été tenu responsable de tous les maux du monde, l’"empoisonneur des puits internationaux", l’équivalent contemporain du stéréotype antisémite du Juif intriguant et assassin. ...
Quatrièmement, Israël a été accusé de "nettoyage ethnique" de la "Palestine arabe mandataire" en 1947-1948; d’être, en fait, un "péché originel" à sa création même, même si son certificat de naissance international a été sanctionné par la Résolution des Nations Unies sur le partage de la Palestine en 1947. (Les Juifs, les lecteurs s’en souviendront, ont accepté la Résolution sur le partage de la Palestine, les Arabes l’ont rejetée et ont lancé, comme ils l’ont appelée, une "guerre d’extermination" contre l’État embryonnaire d’Israël.)
Cinquièmement, les documents issus de Durban ont apporté un nouvel éclairage sur la notion d’"holocaustes", écrit intentionnellement au pluriel et avec une minuscule. Un grand nombre de pays ont même cherché à minimiser ou exclure toutes les références à l’Holocauste, ou à marginaliser et ignorer l’antisémitisme, tout en brandissant le traitement des Palestiniens par Israël comme exemple d’un holocauste "véritable". Le sionisme a été qualifié non seulement de "racisme", mais également d’expression violente de la suprématie raciste. Dans l’équivoque orwellienne par excellence, le sionisme lui-même a été jugé comme une forme d’antisémitisme. …
L’antisémitisme - ancien ou nouveau - est le canari dans l’antre du mal. Comme l’histoire nous l’a trop bien enseigné, même s’il commence par les Juifs, il ne se termine pas par les Juifs. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme est la responsabilité de tous."

mardi 25 décembre 2007

Le marranisme

Les notions de "fidélité", de "foi" et d’"apostasie" s’appliquent mal à ce qui fut plutôt un ensemble de mouvements disparates faisant alterner, dans la longue durée, des périodes d’éclipses et des périodes de reconstruction des traditions. Plutôt qu’une religion positive, le marranisme fut une disposition à revenir ou à se laisser ramener, le jour venu, à la règle et aux traditions des ancêtres, qui souvent étaient inconnues et, pour cette raison, ne pouvaient être cultivées dans l’immédiat. Carl Gebhardt définit le marrane comme "un catholique manquant de foi et un juif manquant de savoir, mis un juif qui se veut tel". Des savoirs inhabituels sont mis à contribution pour restituer cette judéité : livres de dévotion catholique et d’érudition latine, sentences inquisitoriales, rumeurs venues de l’étranger, inventions poétiques. Pour le dire avec la phrase celèbre d’I.S. Révah, "le "judaïsme" des marranes était essentiellement un judaïsme potentiel".
Carsten L. Wilke, Histoire des Juifs Portugais, (p. 112), Chandeigne, 2007
Voir sur les marranes et Wiképedia

UE: affirmer que l'Etat d'Israël a un caractère raciste ou nier son droit à l'existence est une forme d'antisémitisme (2005)

"L'Europe a arrêté une définition de l'antisémitisme", annonce dans le Yediot Aharonot Eldad Beck, correspondant du journal à Berlin. Maintenant, c'est officiel: nier le droit à l'existence de l'État d'Israël est une forme d'antisémitisme, et les actes de terrorisme dirigés contre les Juifs découlent de l'antisémitisme - souligne le journaliste.
Il s'agit d'une prise de position officielle de l'Union européenne, dans un document détaillé qui définit l'antisémitisme avec précision et trace une limite claire entre la critique acceptable de l'État d'Israël et la critique proprement "antisémite". La définition a été élaborée par l'Observatoire européen de l'antisémitisme et de la xénophobie, dont le siège est à Vienne (Autriche).
Le Yediot ajoute que ce document pose que nier le droit à l'existence de l'État d'Israël, dans le cadre du droit à l'autodétermination du peuple juif, et les appels ouverts à tuer les Juifs ou à leur nuire sont des actes antisémites. Les attaques verbales ou physiques contre l'État d'Israël, en tant que "collectivité juive", peuvent être assimilées à l'antisémitisme. De cette manière, l'UE endosse le point de vue selon lequel les attentats terroristes contre les Juifs - en Israël et dans le monde - sont des fruits de l'antisémitisme.
Cette définition a été formulée après des débats très vifs au sein de l'Union européenne, concernant le caractère du "nouvel antisémitisme" qui a fait son apparition en Europe ces cinq dernières années. Il s'agit d'une "première définition de travail", dont le but est de permettre aux institutions de l'UE et aux États membres de lutter plus efficacement contre le phénomène. Ce document a été communiqué aux communautés juives de l'Union, et le Yediot Aharonot a pu en recevoir une copie.
Sont définis comme antisémites la négation de la Shoah; le refus de reconnaître le droit à l'autodétermination du peuple juif; l'affirmation que l'existence de l'État d'Israël a un caractère raciste; le fait d'exiger d'Israël d'appliquer des standards différents de ceux mis en pratique dans les autres pays démocratiques; la comparaison entre Israël et l'État allemand nazi, etc.
Source : Revue de presse de l'Ambassade de France en Israël, 12.5.2005
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Cette définition précise que les "manifestations rhétoriques et physiques de l'antisémitisme peuvent être dirigées contre des individus juifs et non-juifs et/ou leurs biens, contre des organisations communautaires juives et des institutions religieuses. Par ailleurs, de telles manifestations peuvent aussi être dirigées contre l'État d'Israël perçu comme une collectivité juive".
Sont également cités des exemples concrets de critique antisémite à l’égard d’Israël:
- la dénégation du droit du peuple juif à l'autodétermination, étayée, par exemple, par l'affirmation selon laquelle la création de l'État d'Israël serait un projet raciste;
- l'utilisation de doubles normes, s'exprimant par le fait qu'on exige d'Israël un comportement qui n'est attendu ou exigé d'aucun autre État démocratique;
- l'établissement de parallèles entre la politique israélienne actuelle et celles des nazis;
- le fait de rendre les Juifs collectivement responsables des actions de l'État israélien.
Working definition of anti-Semitism, European Monitoring Centre on Racism and Xenophobia (EUMC), 16.3.2005

jeudi 20 décembre 2007

Bigoterie de Noël: Banksy à Bethléem


Comme le fait remarquer Michael Gove dans The Times, à l'approche de Noël, une poignée de grandes consciences médiatisées européennes multiplient les initiatives parodiques autour de la ville de Bethléem. On veut faire croire que, sous les coups de boutoir de l’oppresseur israëlien, la vie dans la ville qui a vu naître le Prince de la Paix s’etteint, qu’Hérode est toujours là, et que l’esprit de Noël survit péniblement.
Michael Gove n'adhère pas à cette fiction. La tragique situation qui est celle des Chrétiens palestiniens (ainsi que celle de la majorité des Chrétiens dans le monde arabe) ne résulte pas d'une hypothétique conduite belliqueuse d’Israël, mais est la conséquence de l'islamisation rampante. Israël fait de son mieux pour respecter le lieux saints des autres confessions, alors que le projet des radicaux consiste à instaurer un régime islamique dans lequel on est soit musulman soit dhimmi.Une des vedettes très médiatiquement active cette année est le celèbre et mystérieux artiste britannique Banksy qui a peint des graffitis sur le mur de séparation près de Bethléem.
Parallèment, il organise une vente aux enchères de ses oeuvres dont une est un chérubin blessé et ensanglanté qui ressemble à s'y méprendre à l'enfant Jésus - l'artiste aurait démenti.

dimanche 16 décembre 2007

L'antisémitisme, Albert Camus


"On est toujours sûr de tomber, au hasard des journées, sur un Français, souvent intelligent par ailleurs, et qui vous dit que les Juifs exagèrent vraiment. Naturellement, ce Français a un ami juif qui, lui, du moins… Quant aux millions de Juifs qui ont été torturés et brûlés, l’interlocuteur n’approuve pas ces façons, loin de là. Simplement, il trouve que les Juifs exagèrent et qu’ils ont tort de se soutenir les uns les autres, même si cette solidarité leur a été enseignée par le camp de concentration."

Albert Camus, "La Contagion", Combat, 10 mai 1947, repris dans Michel Winock, La France et les Juifs de 1789 à nos jours, Seuil, 2004, p. 285

mercredi 12 décembre 2007

Simon Deng répond à Desmond Tutu: Israël n'est pas un Etat d'apartheid

Cet article de Simon Deng "Disappearance of Bishop Tutu" a paru dans le Jewish Advocate et a connu un immense succès. Il a été repris par des dizaines de sites de toutes tendances. L'auteur est originaire du Royaume du Shiluk du sud Soudan et est un ancien esclave, victime du jihad. M. Deng est un infatigable militant des droits de l'homme.

A la fin du mois dernier, je suis allé à Boston pour écouter Monseigneur Desmond Tutu qui participait à la conférence qui se tenait à l'église Old South sur le thème "Israel Apartheid". Monseigneur Tutu est un homme d'église respecté. Il a œuvré à la réconciliation entre les noirs et les blancs d'Afrique du Sud. Le fait qu'il préside une conférence ayant pour but la diabolisation de l'Etat juif me trouble énormément.
L'Etat d'Israël n'est pas un état d'apartheid. Je le sais parce que je suis à Jérusalem d'où j'écris ce billet et où je vois des mères arabes se promener en toute quiétude avec leur famille - même si je circule sur des routes israëliennes protégées des balles et pierres arabes par des murs et des barrières. Je sais que les Arabes fréquentent les écoles israëliennes, et bénéficient des meilleurs soins médicaux au monde. Je sais qu'ils votent et que des élus arabes siègent au parlement israëlien. Je vois des signes routiers en arabe, une langue officielle du pays. Sous le régime d'apartheid dans l'Afrique du Sud de Monseigneur Tutu, les noirs n'avaient droit à aucun de ces avantages.
Par contre, je connais des pays qui méritent le label d'apartheid : mon propre pays, le Soudan, figure en tête de liste, et on y trouve également l'Iran, l'Arabie Saoudite et l'Egypte. Ce que mon peuple subit au Soudan est mille fois pire que ce que le régime d'apartheid sud-africain imposait. Et les souffrances des Palestiniens ne sont rien en comparaison de celles de mon peuple. Vraiment rien. De plus, une grande partie de leur souffrance peut être imputée à leurs dirigeants. Monseigneur Tutu, je vois de mes propres yeux des juifs noirs se promener dans les rues de Jérusalem. Des noirs comme vous et moi, libres et fiers.
Desmond Tutu a déclaré que les checkpoints israëliens sont un cauchemar. Mais les checkpoints existent parce que les Palestiniens sont envoyés se faire exploser en Israël pour tuer des femmes et des enfants innocents. Desmond Tutu veut le démantèlement des checkpoints. N'avez-vous point de portes dans votre maison, M. l'Archevêque ? Est-ce que ces portes transforment votre maison en une maison d'apartheid ? Si quelqu'un, par malheur, essayait d'y pénétrer avec une bombe, nous serions les premiers à vouloir que vous ayez des gardes qui "humilient" vos hôtes en les fouillant, mais ne vous traiterions pas de raciste pour autant. Nous nous soumettons à des checkpoints dans chaque aéroport. Est-ce que les compagnies d'aviation sont racistes ? Bien entendu que non.
Oui, les checkpoints gênent les Palestiniens. Mais pour quelle raison, Monseigneur Tutu, attachez-vous plus d'importance à leur inconfort qu'aux vies israëliennes ?
M. l'Archevêque, lorsque vous dansiez pour la libération de Mandela, nous Africains - partout en Afrique - nous vous soutenions. Notre soutien a été essentiel pour votre liberté. Mais lorsque les enfants du Burundi et de Kinshasa, jusqu'à ceux du Libéria et de Sierra Leone, et en particulier les enfants du Soudan, pleuraient et appelaient au secours, vous les entendiez, mais avez fait le choix de rester silencieux.
Aujourd'hui, des enfants noirs sont réduits en esclavage au Soudan - le seul pays d'Afrique où des êtres humains sont la propriété d'autres êtres humains. J'ai aussi milité pour la suppression de l'esclavage en Mauritanie, où cette pratique vient d'être abolie. Mais vous n'étiez pas à nos côtés, M. l'Archevêque.
Où est donc Desmond Tutu quand mon peuple réclame sa liberté ? Massacres, génocide et esclavage sont le lot des Africains en ce moment même. Que faites-vous donc pour le Soudan, M. l'Archevêque ? Vous êtes occupé à attaquer l'Etat juif. Pourquoi ?

Bichara Khader et la "dé-existence" palestinienne

Le Soir a fait paraître une tribune de Bichara Khader, Professeur à l’Université Catholique de Louvain, intitulée Novembre 1947-novembre 2007: la Nakba qui n’en finit pas. Celle-ci peut être lue comme un aveu d’impuissance. Les griefs sont les mêmes inlassablement égrenés depuis des décennies: l’implantation d’un état non musulman sur un sacrosaint territoire arabe, le misérabilisme, la charge contre Israël et les juifs, l’innocence des Palestiniens, le bon juif (Ilan Pappé) qui soutient la thèse de "épuration ethnique" (alors que 20% de la population israëlienne est d’origine arabe), la culpabilisation et le dénigrement de l’Occident et en particulier de l’Europe éternelle coupable de Shoah, l’instrumentalisation de la Shoah ("droit prioritaire à la compassion") par les juifs, manipulation des médias, etc. etc.
M. Khader fait preuve de créativité sémantique en ajoutant un nouveau terme au lexique de la martyrologie palestinienne: leur "dé-existence". Que seul un lecteur du Soir se soit donné la peine de réagir, et encore mollement, atteste de la lassitude qui a fini par s’installer "Dès le second paragraphe de votre article, on sait à quoi s'en tenir... On connaît les bon et aussi les méchants".

Omission de la guerre que les armées arabes ont livrée à Israël en 1948. Elle aparaît plus loin dans le texte mais désignée comme "combats".
"Les guerres de Suez (1956), des "Six-Jours" (juin 1967), d’octobre 1973, et l’invasion israélienne du Liban (1982-2000), ainsi que la colonisation des Territoires occupés de Palestine et de Syrie, ne sont que les épisodes les plus sanglants de ce conflit. ... Le partage de la Palestine en 1947 a été à l’origine d’un immense exode palestinien. Deux tiers de la population sont jetés sur les routes de l’exil: 770.000, dont 380.000 avant même la proclamation de l’État d’Israël, le 15 mai 1948. Sont-ils partis de leur plein gré ou poussés à l’exil ? La question aujourd’hui ne fait plus débat : les historiens ont tranché. On sait maintenant grâce aux travaux des historiens palestiniens et des nouveaux historiens israéliens qu’il y a eu, en Palestine, une véritable "purification ethnique", pour utiliser le terme de l’historien israélien Ilan Pappé."

Les virtuoses de la ruse, de l’argument fallacieux, de la manipulation et de la "mythologie".
"Pendant longtemps, Israël a prétendu le contraire, en fabriquant une mythologie de l’innocence israélienne. Et les médias occidentaux, pendant longtemps, ont répercuté cette mythologie: ces Palestiniens sont partis pour fuir les zones de combat, ils l’ont fait sans contrainte, d’ailleurs répondant à l’appel des dirigeants arabes. Bref, les Palestiniens, victimes, seraient seuls responsables de leur malheur. … La réalisation du rêve sioniste d’un État des Juifs nécessitait, dès lors, le déplacement forcé de la population arabe. D’où la tragédie des réfugiés palestiniens qui demeure l’épicentre du conflit. En d’autres termes, la victoire d’Israël a reposé sur la dé-existence palestinienne. Voici pour les faits têtus: on a beau user de toutes les ruses pour tordre le cou à la vérité, en égrenant des arguments fallacieux, l’histoire réelle finit par avoir le dessus sur l’usage instrumental de l’histoire."

L’Occident est coupable et complice à la fois: il a osé implanter un État non arabe "sur un territoire arabe".
"Dans cette Nakba palestinienne, l’Occident ne peut pas se laver les mains: en rendant possible l’implantation de l’État d’Israël sur un territoire arabe, puis en avalisant, par le silence, la complaisance ou la complicité active, la dilatation de cet État qui s’est approprié 78 % de l’espace palestinien et qui continue, en 2007, en dépit de toutes les résolutions des Nations unies, à occuper, coloniser et assiéger les 22 % restants, l’Occident a cru se décharger, à bon compte, d’un immense sentiment de culpabilité. ... Toutes les tentatives de faire disparaître les Palestiniens de leur champ de vision, de les fondre dans le corps arabe ou d’étouffer leur cri de liberté, ont lamentablement échoué. ... Israël ne peut plus adopter la posture de la victime, légitimant, par les épreuves subies pas le passé, un droit prioritaire à la compassion, au point d’oublier ou de feindre d’oublier que depuis trois générations, les Palestiniens vivent un désastre sans nom et ne rêvent que d’une chose si simple et si difficile : la liberté."
Extraits repris du site du Soir

lundi 10 décembre 2007

Hanoukah à New York

"Cette photo a été prise à la fin de l'après-midi glacé qui a marqué le troisième jour de Hanoukah. On aperçoit de l'autre côté du fleuve Manhattan et le phantasme des Tours Jumelles du World Trade Centre ..."

Cette magnifique photo a été reprise du site Rua da Judiaria (blog de Nuno Guerreiro Josué)

dimanche 9 décembre 2007

Nous qui vivons sous des cieux encore striés de la fumée des fours crématoires, François Mauriac


"Nous qui vivons sous des cieux encore striés de la fumée des fours crématoires avons payé un lourd tribut pour découvrir que le mal est réellement abominable."



François Mauriac (1885-1970), Romancier, essayiste, critique littéraire et chroniqueur

Europe: l'élite est plus pro-américaine que le public

Joëlle Fiss analyse dans Contact J, mensuel d’expression du judaïsme belge, décembre 2007, les résultats d’une enquête "European Elites Survey 2007" effectuée auprès de députés européens, hauts fonctionnaires de la Commission européenne et du Conseil de l'Union européenne et du grand public.

"Les députés européens et les hauts fonctionnaires des institutions tendent à favoriser un leadership plus fort des Etats-Unis sur la scène internationale ainsi qu’une collaboration plus étroite entre l’Union européenne et les Etats-Unis, alors que le grand public est visiblement plus sceptique face aux motivations et politiques américaines. En effet, seulement 36% du public estime qu’il est "désirable que les USA exercent un leadership fort dans les affaires internationales" alors que la moyenne de l’élite atteint ici le score de 76%. Cet écart tend moins à confirmer l’animosité du public européen à l’égard de l’administration Bush, qu’un certain réalisme de l’élite européenne quant aux limites des capacités opérationnelles de l’Union européenne."

"Je suis trois fois apatride", Gustav Mahler


"Je suis trois fois apatride. Comme natif de Bohême en Autriche, comme Autrichien en Allemagne, comme juif dans le monde entier."

Gustav Mahler (1860-1911), compositeur et chef d'orchestre autrichien

Israël 1969, Jorge Luis Borges

Je redoutais que ne guettât Israël
avec une douceur insidieuse
la nostalgie que les diasporas séculaires
accumulèrent comme un triste trésor
dans les villes de l’infidèle, dans les juiveries,
au couchant de la steppe, le long des rêves,
la nostalgie de ceux-là qui te désirèrent,
Jérusalem, au bord des eaux de Babylone.
Étais-tu autre chose, Israël, que cette nostalgie,
que cette volonté de sauver
parmi les inconstantes formes du temps
ton vieux livre magique, tes liturgies,
ta solitude avec Dieu ?
Non pas. La plus ancienne des nations
est aussi la plus jeune.
Tu n’as pas tenté les hommes par les jardins
ni par l’or fastidieux
mais par la rigueur, terre dernière.
Israël leur a dit sans paroles:
Tu oublieras qui tu es.
Tu oublieras l’autre laissé là-bas.
Tu oublieras qui tu étais dans les pays
qui te donnèrent leurs soirs et leurs matins
et qui n’auront pas ta nostalgie.
Tu oublieras la langue de tes pères et tu apprendras la langue du Paradis.
Tu seras un Israélien, tu seras un soldat.
Tu prendras des bourbiers pour asseoir ta patrie, des déserts pour l’élever.
Tu seras aidé par ton frère dont tu n’as jamais vu le visage.
Nous ne te promettons qu’une chose:
ton poste dans la bataille.
Éloge de l’ombre, L’or des tigres, Jorge Luis Borges, NRF, Gallimard, 1976
Traduction et mise en vers par Nestor Ibarra
Jorge Luis Borges (1899-1986), écrivain et poète argentin